Le dernier album de Sniper, À Toute Épreuve, remontant à 2011, les fans de Blacko s’étaient rabattus sur son projet reggae, L’Enfant du Soleil, sorti sous le pseudonyme Afrikaf. Puis, pour les faire patienter jusqu’à ce Dualité, il publiait en février 2015 un EP prometteur de sept titres, Le Temps Est Compté, sur lequel il enregistrait un featuring de Joey Starr avec « Dépasse tes limites », que l’on retrouve sur Dualité.
Ce nom d’album, justement, est là pour appuyer l’insatiable curiosité qui anime Blacko, dont le message résolument positif rayonne sur l’ensemble de l’album, à commencer par les très humbles « Équilibre » et « Le Temps est compté ». La gent féminine est ici célébrée avec délicatesse dans « Ma reine », dédié à sa mère, tandis que « Je suis ce que je suis » fait office de bilan sans concessions. Si la voix de Blacko est légitimement mise en avant, elle étonne par sa variété et la précision de son flow, en dépit de mélodies parfois un peu trop convenues, comme sur « Rares sont les vrais amis » ou « La Rue c’est pas ma mère ».
Comme sur « Le Mur du silence », les textes sont souvent un brin naïfs, mais ne souffrent en tout cas jamais de mauvaises intentions, Blacko ayant très justement déclaré en interview préférer les « heartlines plutôt que les punchlines ». Le grave « Que Dieu me pardonne », avec son piano tranchant, propose le meilleur en termes d’arrangements quand « Ainsi va la vie » s’avère un peu paresseuse.
Enfin, il est étonnant, et plaisant, de voir Blacko sampler un morceau rock relativement inconnu de John Frusciante, « Ramparts », extrait de l’album solo de l’ex-guitariste de Red Hot Chili Peppers, To Record Only Water for Ten Days, pour son titre « Rêveur ». Cela prouve non seulement son goût pour les belles mélodies mais aussi son habileté à se les approprier, en reproduisant le son original et en lui adjoignant des cordes bien senties. Quoique parfois prévisible, Dualité valide dans les grandes largeurs la carrière solo du « Sniper ».
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