Alpha Blondy est de retour avec un disque engagé, mais cette fois du bon côté, celui du public. Brouillée avec une partie de la Côte d’Ivoire après son soutien à Laurent Gbagbo lors de la fameuse élection présidentielle de 2010 (dont Alassane Ouattara a fini par sortir vainqueur avec l’aide de la France), la superstar ivoirienne avait choisi la réconciliation de la nation en 2013, ouvrant les bras à l’autre vedette du reggae national Tiken Jah Fakoly, avec lequel il s’était frotté les cornes. Sur Human Race, Alpha Blondy dénonce donc sans parti pris, et met d’ailleurs tous les politiques dans le même sac sur le morceau d’ouverture Political Brouhaha. On y retrouve les marqueurs du reggae ivoirien, guitares saturées et claviers surexposés, comme sur le morceau titre Human Race, sous influence Burning Spear, une de ses idoles.
Chantant en dioula, en français ou en anglais, Alpha s’entoure de featurings de choix, avec la chanteuse béninoise Angélique Kidjo sur Alphaman Redemption, sur lequel il reprend le texte biblique de L’Ecclesiaste avec un petit solo de clavier détraqué, ou le Sénégalais Youssou N'dour sur Oté-fê, un reggae rock accompagné d’une kora. On notera aussi Life, une ballade à la Wailers, et deux covers, Whole Lotta Love de Led Zep, correcte et sans artifice, et, plus inspirée, Je suis venu te dire que je m’en vais de Serge Gainsbourg, pour pimenter un album qui s’inscrit parfaitement dans l’esthétisme décliné par l’Ivoirien depuis trente-cinq ans. © Smaël Bouaici/Qobuz