À l’issue de la tournée de promotion de son dernier effort Asylum, Disturbed avait annoncé qu’il s’accorderait une pause d’une durée indéterminée. La sortie d’une compilation de face B et d’un coffret regroupant ses cinq albums studio n’aura qu’un temps satisfait l’appétit de ses fans qui auront au final dû patienter cinq longues années avant de goûter à nouveau au heavy metal tout en muscles du combo chicagoan.
Pour récompenser leur persévérance et mettre à profit ce hiatus, les musiciens ont souhaité bouleverser leurs habitudes et ouvrir de nouvelles perspectives. En premier lieu, ils ont fait appel à un nouveau producteur, après avoir fait preuve jusque-là d’une certaine frilosité en ne faisant appel qu’à Johnny K (Staind, Megadeth, 3 Doors Down) sur ses premiers opus, puis en s’autoproduisant.
C’est Kevin Churko qui a su gagner leur confiance à ce poste. Son pedigree parle pour lui puisqu’il s’est fait un nom dans le metal auprès d’Ozzy Osbourne, Papa Roach, Slash, Rob Zombie ou Hellyeah, après quelques premières lignes de CV aux antipodes de ce style, au début des années 2000, en œuvrant pour Britney Spears, The Corrs, Shania Twain, Michael Bolton ou encore Céline Dion. Les musiciens ont donc commencé à travailler en sa compagnie dès 2014 dans le plus grand secret, sans même en parler à leurs amis ou à leur famille. Une méthode de travail s’est fait jour dès le début de la composition : le groupe, soudé comme jamais, a choisi de travailler tous les titres ensemble, dans la même pièce, comme à ses débuts.
Il en ressort une cohésion de tous les instants et une énergie retrouvée. L’impact sonore est évident à l’écoute de titres comme « The Vengeful One » et son pont roboratif, l’hymne « What Are You Waiting For » ou encore « Open Your Eyes », qui sonnent de façon beaucoup plus organique et directe. Cette notion de collectif à tout crin présente toutefois un revers : Dan Donegan, le six-cordiste en chef, met sa dextérité au service de l’efficacité et en oublie parfois l’aspect récréatif d’une échappée sur un solo, comme celui qui enluminait par le passé « Inside the Fire » par exemple.
De la même façon, Kevin Churko, tout à sa tâche de donner un jour nouveau à Disturbed, alterne réussites et déconvenues entre un « You're Mine » presque dansant et un « The Light » atmosphérique, avec ce qu’il faut de claviers et de programmation d’un côté, et de l’autre une overdose d’effets de manche sur « Save Our Last Dance » par trop surproduit. Au milieu de ces montagnes russes se trouve cette anomalie stylistique qu’est « The Sound of Silence ». Au-delà de la déférence portée à Simon and Garfunkel, on peut y voir une voie progressive pas inintéressante, mais les meilleures intentions du monde ne font pas une bonne reprise, surtout lorsqu’on s’attaque à un monument. Il faudra se consoler avec « Never Wrong », qui prouve que le combo n’est jamais meilleur que dans le power metal et beaucoup plus à son aise à ériger des refrains tout en puissance.
Disturbed opère donc le changement stylistique le plus important de sa carrière après celui qui l’avait fait abandonner le nu-metal pour le heavy metal, mais il faudra certainement attendre que la formule se stabilise pour en percevoir l’intégralité des bienfaits.
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