Nayda est un mot nouveau qui signifie à la fois se lever et faire la fête. C’est aussi le nom adopté par une nouvelle génération d’artistes et musiciens marocains qui brandissent une identité culturelle contemporaine où les traditions sont dépoussiérées de leurs tabous et dynamisées par les apports extérieurs. Bab L’Bluz en est un exemple les plus aboutis. A la tête de cette formation franco-marocaine, Yousra Mansour a brisé les préjugés en s’appropriant les rythmes et les instruments des confréries gnawas, jusqu’alors seulement pratiqués par les hommes, dans un esprit rock, pétri de blues et d’influences ouvertes (chaâbi, funk, hassani mauritanien, musiques berbères ou psychédéliques). Brandissant son petit guembri awicha comme une guitare électrique, elle chante, en arabe classique, en garija populaire ou en anglais, la vie courante et les problèmes sociaux, les peuples d’Afrique et des hymnes positifs. A ses côtés, le producteur Brice Bottin utilise le luth guembri comme une basse qui sert de socle aux autres instruments. Flûtes, castagnettes de métal qraqebs, batterie, tablas, vièle rebâb à une corde et boucles ambient renforcent la pulsion de transe initiale et élargissent l’horizon. Leurs compositions rivalisent d’originalité et de cohérence éclectique, leur reprise du Waydelel de la regrettée diva mauritanienne Dimi Mint Abba fait le lien entre le passé et le futur. Un futur qui, à l’écoute de Nayda, a déjà commencé. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz