Phoebe Bridgers, Californienne de 25 ans, confirme avec ce second album tout le bien que l’on pensait d’elle, dans une veine indie folk ultrasensible, teintée de psychédélisme. Punisher, le morceau qui donne son titre à l’album, est un hommage vibrant à Elliott Smith, immense auteur interprète et figure culte de cette même scène indie folk. Dans cette chanson, on retrouve l’ambiance mélancolique de la suburbia (banlieue) américaine, à travers les mots de Bridgers, « When the speed kicks in, I go to the store for nothing, and walk right by the house where you lived with Snow White… » (« Quand les amphets commencent à monter, je vais au magasin sans rien chercher de spécial, et marche à côté de la maison où tu vivais avec Blanche Neige… », là où vivait Elliott Smith). À propos de Smith, Phoebe Bridgers déclare : « Si je croise quelqu’un qui n’aime pas Elliott Smith, j’ai bien peur que nous n’ayons simplement rien à nous dire… ». Le reste de l’album reste dans cette tonalité, à fleur de peau. Et lorsque, à l’oreille, une chanson paraît plus joyeuse, ou tout du moins enjouée, les paroles apparaissent encore plus chargées d’une tristesse retenue mais tenace. C’est le cas sur Chinese Satellite, où Bridgers cherche dans la nuit des étoiles qui n’y sont pas, et finit par regarder le ciel, sans ressentir le moindre sentiment… Cet album est une longue balade dans les rues sombres la nuit, mais une frêle lumière est toujours là. Celle de la voix de Bridgers. Une voix sur laquelle on peut compter. © Yan Céh/Qobuz