Avec ce nom improbable et cette gueule incroyable, on comprend vite qu’avec Pokey LaFarge, les fans de dubstep et de math rock peuvent changer de trottoir… Depuis 2006, ce troubadour de l’americana moderne jongle avec le bluegrass, le western swing, le folk, le country blues, le ragtime et toutes ces musiques d’antan aux teintes sépia et qu’il connaît sur le bout des ongles. Belle BO intemporelle, Rock Bottom Rhapsody et ses accents dylaniens (période 2000’s) relate un tournant radical dans la vie de Pokey LaFarge – Andrew Heissler pour l’état civil – qui a quitté Saint-Louis pour Los Angeles en 2018. Un périple qui l’a laissé sur le carreau, emporté par la dépression et des addictions en tout genre. Cette cuvée 2020 narre surtout qui il fut plutôt que qui il est désormais. Une descente aux enfers stoppée par une résurrection spirituelle et religieuse. « J'ai écrit ce disque avant mon déclin, et l’ai enregistré après. Ça permet de voir l’étrangeté de la situation. Ce que je cherchais, c'était la paix et l'humilité après le carnage, des choses que j'avais abîmées puis complètement détruites. J'essayais juste de survivre. Je devais me battre à chaque fois pour remonter face au micro et chanter. C'était une sorte de dernier combat. » Produit par Chris Seefried (Fitz And The Tantrums) et enregistré avec le guitariste Joel Paterson, le pianiste Scott Ligon, le bassiste Jimmy Sutton et le batteur Alex Hall, Rock Bottom Rhapsody n’est pas juste un sympathique numéro de cabaret consacré à l’autodestruction mais une vraie ballade intérieure dans l’âme d’un auteur doué. Un voyage d’americana éclectique joliment mis en musique. © Marc Zisman/Qobuz