Comme le vin, la musique se bonifie avec l'âge. Celle de Conor O'Brien mature bien. De la côtière Malahide, où l'Irlandais a composé ses trois premiers albums dans les combles de sa ferme, au brouhaha de Dublin, le villageois change de paysage. Pareil au disque. Après Becoming a Jackal, Awayland et Darling Arythmetic, trois chapitres de pop-folk douce-amoureuse, le songwriter aux yeux glaçons fabrique The Art of Pretenting to Swim. O'Brien a bouquiné les manuels de Pro Tools pour un format plus court, 44 minutes, et une matière bien plus travaillée. Le tout pour des poésies simples,"We are the Dawn, We carry the Sun" (A Trick of the Light), qui racontent le conflit entre foi aveuglante et raison mathématique (Ada). Avec ses arrangements de cordes (Ada) plus Clientele que Damien Rice, de belles saillies électro (Real Go-Getter) ou soul (Long Time Waiting), des cuivres choisis (Love Came With All That It Brings), des synthés souples (Sweet Saviour) et une voix qui s'est réchauffée, l'opus égaye un propos au bord de la nécrose. Addictif et sans prétention. © Charlotte Saintoin/Qobuz