En 2020, confiné à la maison, fallait bien s’occuper. Aux États-Unis, dont le futur allait se jouer en novembre à l’occasion de l’élection présidentielle, il fallait à la fois s’occuper et ne pas céder à l’anxiété. Le blues-rocker américain favori des Français, Popa Chubby, aurait sans doute préféré passer l’année en tournée pour fêter It’s A Mighty Hard Road, la compilation de ses 30 ans de carrière. Mais la célébration a tourné court, et Popa Chubby s’est consolé en faisant de la musique chez lui. Confiné, mais pas coupé du monde. Cet album inattendu est d’abord une chronique de l’année 2020 en Amérique, de l’épidémie de Covid à celle du conspirationnisme en passant par l’élection présidentielle et les violences raciales. L’Amérique est malade, elle a perdu la raison. Popa Chubby lui administre un traitement de choc, chante fort pour lui intimer de se reprendre et la soumet aux électrochocs de sa guitare. Musicalement, c’est du Popa Chubby pur jus, un concentré d’énergie blues-rock avec parfois quelques touches de romantisme. Il a fait cet album tout seul, et se fend d’un titre reggae parce qu’il aime ça autant que le blues-rock. Peut-être que Popa Chubby a enregistré ces chansons en rêvant de les jouer sur scène, et la frustration de ne pouvoir le faire ajoute à leur puissance. C’est du pur Popa Chubby, mais c’est un peu plus que la routine : on entend dans Tinfoil Hat l’urgence, la colère, l’amertume, la révolte et les espoirs d’un musicien qui n’a jamais été aussi sincère et pertinent. © Stéphane Deschamps/Qobuz