Comment expliquer un trou de douze ans dans un CV ? Depuis Ma Fleur en 2007, et le hit To Build a Home avec le Canadien Patrick Watson, il y a bien eu une BO (celle des Ailes pourpres : Le Mystère des flamants), deux live, et une compile Late Night Tales, en 2010. Mais Jason Swinscoe, le cerveau d’un groupe à géométrie variable, a surtout bazardé un album entier, composé dans la pression de New York, “une erreur” selon lui. Et on ne peut pas lui en vouloir, tant le Britannique a toujours placé l’exigence artistique et l’élégance au centre de son projet, depuis le jazz électronique du premier album Motion en 1999, et le suivant, le chef-d’œuvre Man With a Movie Camera.
Accompagné du fidèle Dominic Smith, Jason Swinscoe a affûté son goût pour les orchestrations homériques et les sections de cordes et sert sur ce To Believe de longues pièces (rien en dessous de 5 minutes) servies par un casting très londonien. On retrouve ainsi Roots Manuva, dix-sept ans après All Things to All Men, sur A Caged Bird/Imitations of Life, une incitation à se déconnecter, la chanteuse Tawiah, sur un Wait for Now/Leave The World tout en émotions avec sa guitare acoustique, son piano et ses cordes à l’unisson, et Heidi Vogel, sur A Promise, superbe final rempli de grâce dans un album qui en regorge. The Cinematic Orchestra compose toujours la musique la plus élégante d’Angleterre. © Smaël Bouaici/Qobuz