Cela devait bien arriver : Train a décidé de se mettre au goût du jour et d'injecter un peu de composantes urbaines dans son pop rock à base d'Americana. La raison invoquée par Pat Monahan à ce changement est toute simple : le groupe entend désormais toucher un plus large public et renouveler sa clientèle. Un pari risqué qui peut aussi éloigner du groupe tous ceux qui l'avaient rejoint depuis le limpide « Hey, Soul Sister » de 2009.
Heureusement, l'apport reste léger et Train n'a pas vendu son âme au R&B, loin s'en faut. Tout juste peut-on noter des sonorités soul reggae un peu appuyées sur « Cadillac, Cadillac » et la présence de l'Anglaise Marsha Ambrosius pour la pop R&B de « Wonder What You're Doing for the Rest of Your Life », voire des effets sonores contemporains de ci de là. Pour l'essentiel, Train reste égal à lui-même avec en toile de fond la mythologie de l'Ouest américain.
À commencer par le très bon « I'm Drinkin' Tonight », devant beaucoup à America ou Calexico. « Son of a Prison Guard » provient quant à lui d'une tradition sociale et réaliste, commune au blues, au folk et à la country, racontant tout simplement la vie des laissés-pour-compte du rêve américain, désormais incarné par Wall Street et la Silicon Valley. Autre satisfaction du disque, « The Bridge » et son rock sudiste trempé de soul qui n'est pas sans évoquer les grandes heures de The Doobie Brothers.
Bulletproof Picasso gère avec une certaine habileté une volonté d'évolution toujours louable chez un artiste, et la nécessité de rester fidèle à ses racines. Un bon compromis en quelque sorte.
© Francois Alvarez / Music-Story