Bien qu'il soit difficile de dire qui se cache exactement derrière la barbe de Thomas Neuwirth alias Conchita Wurst, il faut reconnaître que l'artiste qui a gagné le dernier Concours Eurovision de la chanson est un maître du kitsch. Se comportant en parfaite diva, il sort avec son premier album un modèle de variété pop contemporaine.
Tout y est, de la pose à la dramaturgie en passant par la tension excessive de certaines chansons et la luxuriance de toutes, l'exubérance et le glamour d'un disque à faire trépigner Liza Minnelli, Klaus Nomi et Freddie Mercury. À propos de ce dernier, il est permis de rêver à ce qu'aurait donné un duo entre ces deux experts en déguisements. Musicalement, Conchita Wurst réserve une tendresse avouable à la synthpop, avec l'influence de groupes comme Ultravox et Spandau Ballet.
Sa préciosité même rend « You Are Unstoppable » totalement irrésistible. Les cascades de violon et la voix fragile de Conchita Wurst fonctionnent à plein régime et font bondir tous les coeurs de midinettes. Comme par hasard, Midge Ure a contribué à la composition de « Pure », romance outrageusement surjouée. Conchita Wurst libère d'autres émotions avec le beat de « Up for Air », mais c'est définitivement dans le romantisme honteusement exacerbé de « Colours of Your Love » qu'il triomphe.
Son personnage pourrait agacer, pourtant Conchita Wurst le fait tenir debout avec une sincérité confondante. La même sincérité qui permet à Conchita de passer la rampe sans provoquer le rejet.
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