Gossamer

Comme chacun sait, l’essentiel, lorsqu’on est originaire du Massachusetts, c’est d’en sortir : considérons que, d’une certaine façon, Michael Angelakos, chanteur et figure de proue de Passion Pit vient récemment de remplir ce contrat en se faisant interner quelque temps dans un service psychiatrique new-yorkais, ce qui eut comme conséquence l’annulation de plusieurs dates d’une tournée préjugée comme triomphale.



Validons donc que le prix à payer pour composer de belles chansons (Angelakos, tout comme dans Manners – 2009 -, premier effort du groupe, compose ici tous les refrains) soit l’aliénation, et convenons in petto que Gossamer compile quelques beaux exemples de pop frappadingue. En ouverture, « Take a Walk » démontre en une poignée de minutes le potentiel émotionnel et dramatique conjoint de chœurs extraterrestres et de synthétiseurs déréglés. Á suivre, « I’ll Be Alright » a toutes les vertus d’une cavalcade névrotique alors que « Carried Away » (ne pas chercher plus avant le tube du programme, il est là) relève les standards de la soul aux yeux bleus de plusieurs degrés, en particulier grâce à l’intervention du trio suédois Erato et de ses harmonies vocales en apesanteur.

On succombera de même à « Constant Conversations » et ses claquements de mains, à la charge de la brigade légère incarnée par « Mirrored Sea » ou aux crissements de « Hideaway ». « Cry Like A Ghost » ose une légèreté et une relecture des fondamentaux de la néo-soul peu commune sous ces latitudes alors que « On My Way », autre sommet de l’album, rappelle les vertus de la surabondance du sucre dans les chansons d’amour. Pour terminer sur une note primesautière, l’invraisemblable « Where We Belong » et ses machines de studio en liberté fait directement référence à la tentative de suicide d’Angelakos, alors à peine sorti de l’adolescence : preuve si besoin était que la pop et les refrains chamarrés peuvent être évocateurs de sentiments bien plus profonds que ceux qui incitent à de simples déhanchements en discothèque.





L’univers de Passion Fit est profondément original : mieux, les névroses qui l’alimentent de façon évidente l’autorisent à tous les excès, tous les commentaires dans la marge des passions et des troubles, et toutes les musiques en subtil décalage, séductrices mais définitivement étranges. Et, accessoirement, lui permettent d'offrir ce superbe album.
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