Complétant la trilogie entamée par Rumours (1977) et Tusk (1979), Fleetwood Mac enregistre Mirage entre 1981 et 1982 au fameux château d'Hérouville où sont passés Bowie, Iggy, Cat Stevens et un paquet d'autres, et dont l'acoustique est comparée aux studios d'Abbey Road. Sortant de leur spirale passionnelle pour se consacrer à leurs ambitions personnelles, le quintet retourne en studio. Entre-temps, Stevie Nicks, Mick Fleetwood et Lindsey Buckingham ont pris le chemin de la carrière solo. Et le Bella Donna de Nicks sorti un an plus tôt, produit par Tom Petty et Jimmy Iovine, culmine en tête des ventes avec 8 millions de copies écoulées. De quoi faire de l'ombre à ce Mirage. Pour autant, pas question de quitter Fleetwood Mac. La belle dont la voix s'est bien éraillée avec la dope y signe deux morceaux : Gypsy, ballade nostalgique qu'elle dédie à son amie Robin Snyder Anderson, et Straight Back. Christine McVie compose Hold Me, Love in Store, un des tubes de l'opus mais aussi Wish You Were Here et Only Over You. C'est en fait Buckingham, dans la lancée de Tusk, qui écrit la majorité des morceaux.
Moins expérimental que Tusk mais moins évident que Rumours dans l'écriture mélodique, Mirage clôt la période dorée de Fleetwood Mac. Dominant l'opus, les synthés très kitchs de McVie impriment une marque très 80's particulièrement surannée sur les intros de Can't Go Back et Oh Diane, ce qui donne à l'ensemble un vernis pop un brin écaillé. Il faudra attendre Tango in the Night, cinq ans plus tard, pour un retour du son FM. Avec cette version deluxe, on retrouve un live au Forum de Los Angeles en 1982 où l'on entend les guitares bluesy de Buckingham, des versions inédites, des b-sides et une reprise du Blue Monday de Fats Domino. © Charlotte Saintoin/Qobuz