Dans son album précédent Short Storie paru en 2015, Laura Marling donnait à son folk les signes d'une évolution vers le rock alternatif, comme en témoignait les effluves électriques disséminées au hasard des titres. Désormais résidente américaine, la révélation folk et coqueluche de la presse anglaise signalait ainsi son envie de sortir des carcans et des étiquettes.
Forte de cinq albums encensés outre-Manche, elle enrichit ici encore son univers en parant ses nouvelles chansons d'une réflexion sur la féminité. Si le titre de cette sixième oeuvre provient d'une citation du poète romain Virgile, Semper Femina (« toujours femme ») est aussi la définition que Laura Marling porte en tatouage depuis l'âge de 21 ans.
Autant que la variation féminine, l'album produit avec l'aide de Blake Mills passe également d'une humeur à l'autre, de la douce atmosphère pop de chambre du premier extrait « Soothing », mû par un motif de contrebasse, au rock incandescent de « Nothing, Not Early », en passant par l'étonnant mélange électrique et synthétique de « Don't Pass Me By ». À ce stade émergent deux nouvelles perles, l'une tressée de folk pastoral intitulée « The Valley » et l'autre en hommage conscient ou non du Lou Reed de « Walk on the Wild Side », baptisée « Wild Fire ».
Dans une ambiance intimiste privilégiée par l'instrumentation acoustique, la suite de Semper Femina ne réserve pas d'autres surprises notables, sinon le savoir-faire de son auteur à tisser des harmonies chaleureuses dans « Always This Way », « Wild Once » ou « Nouel », rappelant l'aînée Joni Mitchell ou la consoeur Joanna Newsom, qu'un public initié ne pourra qu'apprécier, à défaut d'en faire un disque fétiche.
© Loïc Picaud / Music-Story