En février 2021, le pionnier anglais David Rodigan se fendait d’une tribune dans le Jamaica Observer pour critiquer le manque d’attrait de la nouvelle génération d’artistes jamaïcains pour le reggae. De Jada Kingdom à Skillibeng en passant par Alkaline, il est vrai que beaucoup de jeunes chanteurs/toasters ont embrassé les influences hip-hop (avec qu’on appelle le dancehall trap), le R&B ou même l’afropop. Et ceux qui se contentent du roots reggae se font rares. Mais entre les deux, on trouve des artistes comme Jaz Elise, protégée du parrain du new roots, Protoje, qui l’a intégrée dans son son crew In.Digg.Nation Collective. Impressionnante de facilité sur son hit de 2019, Fresh an Clean, un modern dancehall en duo avec la grosse voix de Govana, elle sort un premier album qui penche du côté de la nu-soul et du R&B, avec des titres comme le groggy Elevated, Radio ou la ballade acoustique finale Breathe. Mais aussi du reggae, avec Straying et Good Over Evil, produit par Protoje et Natural High, qui nous renvoie au temps des 70’s, quand la fièvre soul s’était emparée de Kingston. Avec ce premier disque très prometteur, Jaz Elise prouve qu’on peut hybrider sans se dénaturer. © Smaël Bouaici/Qobuz