Dadju

Dadju

Rencontrer Dadju, écouter ses chansons, c’est accepter de faire table rase de toutes les idées reçues. Une invitation à faire valser les étiquettes et les codes, habituellement attachés aux représentants de la scène urbaine…
En 2012, déjà, pour le projet “The Shin Sekaï” son timbre s’accordait au rap d’Abou Tall pour créer une fusion explosive entre chant et hip hop. Une alchimie telle, qu’il n’était pas rare que les deux complices s’amusent parfois à échanger leurs rôles. Ensemble, ils partiront à la conquête d’un “Nouveau Monde”, traduction de leur patronyme en japonais. Un monde aux sonorités plurielles et universelles.
Sacré meilleur groupe de l’année en 2014, lors de la seconde édition des Trace Urban Music Awards, au Casino de Paris, et après le succès des albums “The Shin Sekaï” (volume 1 et 2) et “Indé ni”, il quitte le label Wati B et décident de prendre des chemins différents, mais toujours parallèles. « Nous sommes restés très proches mais nous voulions voir de quoi nous étions capables individuellement. Abou avait fait pas mal de trucs avant, mais moi j’avais commencé directement, à 21 ans, avec “The Shin Sekaï”. »
La musique, Dadju baigne dedans depuis son plus jeune âge avec un grand-père musicien, un père chanteur dans la troupe Viva La Musica de Papa Wemba et une maman qui lui fera découvrir les chants traditionnels africains et religieux. « Je me suis imprégné de tout cela. J’étais une véritable éponge ! » Quelques années plus tard, il suit les pas de son grand frère, Maître Gim’s qui lui ouvre les portes des grandes salles. « Il m’a fait gagner dix ans d’expérience », reconnaît-t-il. Pas question en effet pour ce garçon, issu d’une fratrie de quatorze enfants, de renier ce lien « incassable » avec la famille.
« Alterner les concerts dans les zéniths avec les MJC où il fallait convaincre cinquante personnes m’a permis de grandir mais aussi de garder les pieds sur terre. » Droit dans ses baskets, encouragé par les échos favorables qui accompagnent ses essais en studio, Dadju prend alors son envol pour explorer d’autres territoires, d’autres sons qui lui trottent dans la tête. Et c’est l’avènement de “Reine”…
Un morceau d’à peine une minute qui explose tous les scores sur les réseaux sociaux et sur YouTube. Détrônant les hits du moment, il se hissera même à la première place du Top iTunes.
A Montréal, où il se produisait pour la première fois en solo, le 1er avril dernier, à l’occasion de la cérémonie pour l’élection de Miss Afrique, Dadju a réalisé que sa “Reine” avait même franchi l’Atlantique ! Dès son retour en France, l’auteur et compositeur s’empressera de compléter le morceau qui n’est encore qu’une ébauche, même pas mixée. « La puissance du son est quelque chose qui nous dépasse. » Celle du texte aussi car lorsqu’on écoute ce single, on entend les mots confiance, partage, amour, promesse…, subtilement mis en valeur par le parti-pris acoustique, imaginé par SeySey. « J’ai travaillé avec un certain nombre de beatmakers mais lui a trouvé la couleur qu’il fallait à ma musique. Il m’a permis d’aller dans la direction que je cherchais. » Forte d’une aura qui dépasse toutes les attentes, cette “Reine” s’adresse à toutes les générations et pourrait même donner quelques pistes à ceux qui, par pudeur ou par fierté, demeurent incapables d’exprimer leurs sentiments.
Quant aux esprits chagrins qui seraient tentés d’affirmer que ce discours n’est pas toujours l’apanage des artistes évoluant dans le milieu hip hop, Dadju rétorque avec un sourire désarmant : « Peu importe l’image véhiculée par certains rappeurs machos et misogynes. On peut oublier d’ouvrir une porte ou avancer une chaise pour sa campagne, mais on ne doit jamais oublier le respect que l’on doit aux femmes et à leurs combats. » Avouant qu’il a lui-même plus de facilité à se livrer dans l’intimité d’un studio ou sur scène, l’homme laisse donc la place à l’artiste pour parler de “Ma fierté”, louer le courage de la “Lionne”, réclamer une “Seconde chance” ou évoquer la douleur de l’absence dans “Monica”…
Des déclarations empreintes de justesse et de sincérité, portées par des ambiances orientales, africaines, rap ou latinos qu’il partage avec des invités comme Alonzo & Maître Gim’s, Franglish, Keblack & Fally Ipupa, Niska ou encore Abou Debeing. S’inspirant d’histoires personnelles ou de celles vécues par ses amis, il a signé, à la première personne, la plupart des textes (avec la collaboration de son petit frère).
Dadju serait-il un romantique ? Un french lover ? Un idéaliste ? Un doux rêveur ? A l’évidence, on peut bien le coiffer avec toutes ces casquettes, pourvu qu’elles ne soient pas irrémédiablement vissées, ni à l’envers ! Car l’artiste qui ne marche qu’au feeling et à l’instinct, refuse de se laisser enfermer dans une case.
Après mûres réflexions, son souhait serait plutôt de s’inscrire dans une nouvelle génération, celle d’un “Gentleman 2.0”, titre de son premier album, sorti fin 2017.