Deux cantates de Telemann – forcément méconnues, lui qui en a écrit quelque mille sept cent –, une seule de Bach – mais qui a accédé au statut de grand culte musical, puisqu’il s’agit de Ich will den Kreusztab gerne tragen, voilà ce que nous propose le ténor Christoph Prégardien (d’origine allemand malgré l’accent sur le « é »), et… Stop, direz-vous ; autant pour les cantates de Telemann, on ne sait pas forcément pour qui elles sont écrites, autant Ich will den Kreusztab est conçue pour baryton, point pour ténor, et il n’en existe pas de version transposée de la main de Bach. Eh non, cher lecteur : mais Christoph Prégardien, qui a dépassé la soixantaine, a préféré jouer la modestie (ou la sécurité) et se penche dorénavant sur des registres autrement plus graves que Tamino ou Ottavio, sachant qu’en ténor, il y a risque de perte de qualité. Très louable décision, car de la sorte, il s’offre encore de belles années de carrière et en profite pour changer de répertoire. Sa vision de ces trois cantates, très lyrique, témoigne de son attachement à l’opéra, et d’ailleurs ces cantates sont de véritables petites scènes dramatiques. Telemann, en particulier, nous étonnera toujours avec son invraisemblable imagination, et son élégance de tous les moments qui n’interdit pas la plus profonde émotion. En guise d’ouverture, de clôture et d’entractes, le Vox Orchester nous offre quelques pages purement orchestrales de Haendel, Hasse et Telemann. © SM/Qobuz