Il serait vain de chercher une trace prémonitoire de la grandeur future de Bruckner dans ce Requiem qu’il écrivit à l’âge de 24 ans. Copier ses grands modèles est très formateur pour un jeune artiste qui doit forcément en passer par là pour apprendre son métier et trouver son propre vocabulaire. À travers diverses influences, dont celle manifeste de Mozart, le compositeur en herbe affirme son mysticisme qui sera le moteur de toutes ses œuvres futures et particulièrement de ses neuf fabuleuses symphonies, qui sont toutes des monuments à la divinité.
C’est donc un Bruckner en route sur son propre chemin que nous offrent ici les solistes, l’Académie für Alte Musik et le splendide RIAS Kammerchor de Berlin, sous la direction inspirée de Łukasz Borowicz, qui complète le programme par quelques pièces liturgiques isolées. Relevons aussi les étonnants Aequale, deux pièces brèves pour trois trombones écrites par le jeune compositeur à l’occasion des funérailles de sa tante Rosalie Mayrhofer en 1847. Des pièces qui, pour le coup, anticipent l’usage harmonique si typique que Bruckner fera des cuivres dans ses grandes architectures futures. © François Hudry/Qobuz