Bien qu’il fût né Louis Charles Bonaventure Alfred Bruneau, il ne garda pour la postérité que le prénom d’Alfred… et encore, pour ce que la postérité lui a réservé en termes de reconnaissance, ce sont plutôt les malheurs d’Alfred. De son vivant, il était le pape du réalisme – du vérisme même – dans l’opéra français, où il mit en musique plusieurs œuvres de Zola. L’Attaque du moulin en est une, écrite en 1893, Messidor de 1897 une autre : on entendra ici des préludes ou musiques scéniques de l’une et l’autre. Toujours de Zola, Naïs Micoulin inspira Bruneau en 1907. Selon toute évidence, ses partitions sont à la fois héritières de son maître Massenet, mais aussi de son idole Wagner dont les tournures montrent constamment le bout de leur nez, autant dans l’harmonie que dans l’orchestration. À partir des années 1910, le compositeur se tourna plutôt vers une carrière dans l’enseignement, l’administration culturelle (Conseil Supérieur du Conservatoire de Paris, Inspecteur de l’Instruction Musicale) tout en continuant avec parcimonie à écrire des opéras quelque peu moins réalistes sans doute, le genre n’étant plus trop à la mode. Quoi qu’il en soit, il est indispensable de connaître ce pilier de la vie musicale française du premier tiers du XXe siècle, magistral orchestrateur soit dit en passant, et cet album est une excellente introduction vers le personnage. © SM/Qobuz