Alors que le nom de Duphly s’étale en grand sur la couverture de cet album, seule la moitié de l’enregistrement lui est consacrée ; le choix opéré par la claveciniste Violaine Cochard s’est porté sur neuf pièces du maître du clavecin, des pièces d’écriture résolument « à la française », dans la lignée de Couperin puis de Rameau – car Duphly a aussi été tenté par le style à l’italienne et par l’écriture galante dans certains de ses recueils. On suit ici un parcours dans l’univers du clavecin français au XVIIIe siècle où Duphly dialogue avec quelques-uns de ses contemporains qui font écho à son univers sonore ; la soliste met en regard Duphly qui a consacré toute sa vie au clavecin exclusivement, et des compositeurs aux horizons divers comme Royer auteur de plusieurs opéras, Forqueray avant tout gambiste, et les organistes Dandrieu et Balbastre. Elle joue un clavecin français assez tardif, un Christian Kroll de 1776, contemporain donc du dernier tiers de la vie de Duphly – qui s’est éteint le 15 juillet 1789, un jour après l’événement que l’on sait, une sorte d’acte de décès de l’école du clavecin à la française, si l’on se souvient que la Révolution a coupé quelques têtes mais aussi détruit nombre de clavecins anciens, symbole de la classe privilégiée… © SM/Qobuz