Si l’on considère que le nom de Niels Gade, sous nos latitudes, n’est guère connu que pour quelques-unes de ses symphonies – rappelons au passage que le jeune musicien envoya de Copenhague sa Première Symphonie à Mendelssohn qui, enthousiaste, la créa illico avec le Gewandhaus de Leipzig, avant d’accepter Gade comme son assistant à ce même orchestre. Toutes ces aventures orchestrales feraient presque oublier que le compositeur peut s’enorgueillir également d’un imposant répertoire de musique de chambre, de concertos, d’œuvres pour orgue, d’amples pièces chorales, de lieder en grand nombre, sans oublier de la musique pour piano solo. Dont voici trois séries d’Aquarelles, écrites en 1849 et 1850 pour les deux premières, 1881 pour la troisième, trente années de distance qui, bien évidemment, se ressentent dans le discours. Là ou le premier Gade était encore très inspiré de Mendelssohn et Schumann qu’il avait côtoyés en Allemagne, de Chopin aussi sans nul doute, les Aquarelles de la dernière époque s’échappent du domaine romantique allemand pour acquérir à la fois une liberté totale mais aussi développer un parfum nordique très personnel. Au milieu de ces trois volumes, la pianiste Marianna Shirinyan (qui s’est déjà produite maintes fois avec des orchestres tels que l’Orchestre national du Danemark, le Philharmonique d’Oslo, l’Orchestre de la Radio bavaroise, le Philharmonique de Helsinki, le Symphonique de Gothenburg, donc ainsi qu’on le voit une prépondérance nordique très marquée) a choisi de nous présenter l’unique Sonate de Gade, commencée en 1840 mais fignolée et révisée jusqu’en 1854, un ouvrage à mi-chemin entre la sonate classique et la grande fantaisie à la Schumann, dans un langage puissamment romantique. © SM/Qobuz