En trois albums après des années passées sur les routes de l'Hexagone, Boulevard des Airs a trouvé une place au soleil dans le paysage de la chanson française. Ce qui était en 2011 un phénomène avec le titre « Cielo Ciego » et l'album Paris-Buenos Aires s'est transformé en succès durable au fil de tournées longues de deux ans et de deux albums à l'inspiration musicale variée, Les Appareuses Trompences (2013) et Bruxelles (2015), dont le morceau homonyme n'a plus quitté les programmations radiophoniques.
De retour en studio après une nouvelle rencontre triomphale avec son public, le sextette de Tarbes s'est trouvé une identité sonore resserrée sur le folk et l'électronique, ce que les anglophones nomment folktronica, qui devrait lui permettre de faire un bond vers le grand public. Les textes engagés des débuts laissent place à des thèmes plus personnels et le reggae, le flamenco ou autres influences mondialistes ont disparu au profit d'un style moderne, presque urbain.
Morceau d'ouverture de ce quatrième album auquel il donne son nom, « Je me dis que toi aussi » est également le titre-phare de cette sélection de onze pistes. En l'occurrence, cet air guilleret soutient un texte amoureux et légèrement mélancolique sur un accord de guitare acoustique monté en boucle et un rythme binaire electro. Le succès est garanti. Deuxième extrait, « Tout le temps » accumule les noms de marques et autres expressions en autant de mots d'affection, tandis que s'installe un refrain house. Dès lors, il n'est guère étonnant de trouver le producteur de Stromae, Lionel Capouillez, au générique de cet alliage electro-folk.
Le même principe sert le troisième extrait « Si la vie avance », dans lequel le chanteur Sylvain Duthu questionne le sens de l'existence, entre autres sujets métaphysiques abordés dans le fataliste « Tellement banal » ou « Tout s'effondre », interprétés à la première personne mais universels. Sur « Allez reste », c'est un autre artiste très en vue, Vianney, qui pose son timbre reconnaissable au long d'un refrain entraînant et d'un texte sur la maladie d'Alzheimer. Malgré une tonalité générale désabusée, la conclusion choisie pour « La Vie est une fête » est un message d'espoir rempli d'allusions humoristiques. Très rythmé tout du long, Je Me Dis Que Toi Aussi est un album en phase avec son époque et taillé pour la réussite.
© Loïc Picaud / Music-Story