Considérez, en quelque sorte, que le vardapet Komitas (1869 – 1935, quasiment l’exact contemporain de Paul Dukas) est le père de la musique « savante » arménienne. Soit précisé en passant : « vardapet » n’est pas un prénom mais un titre honorifique religieux conféré à un archimandrite de l’Église arménienne. C’est Komitas, Soghomon Soghomonian pour l’état civil, qui a conféré ses lettres de noblesse au fonds folklorique et populaire arménien d’une part, et a intégré sa richissime musique sacrée au répertoire classique à l’occidentale. Le fils spirituel de Komitas, sans doute, pourrait être l’autre gloire arménienne de la musique, Aram Khatchaturian que l’on ne présente plus. La pianiste Varduhi Yeritsyan est ici entourée d’un aréopage de musiciens non moins arméniens et de grand talent : au violon Liana Gourdjia, Mariam Dam à la clarinette, la soprano Lussine Levoni et Araik Bartikian au doudouk. Le doudouk, pour mémoire, est une sorte de hautbois grave à la sonorité douce, très répandu dans les répertoires populaires d’Arménie, d’Iran, d’Azerbaïdjan et de Turquie. Quant à la musique, elle fait la part belle à l’aspect mélodique et poétique. Des accents souvent déchirants, à découvrir dans ce bel album. © SM/Qobuz