Actif à Naples au début du XVIIIe siècle, Giuseppe Porsile a laissé des cantates dont certaines (Violetta gentil et E già tre volte) présentent la particularité de compter une partie obligée pour flûte solo. L’instrument, bientôt supplanté par le traverso, est encore la flûte à bec. Il n’en fallait pas moins pour piquer la curiosité d’Inês d’Avena, musicienne-chercheuse qui exhume patiemment les pièces composées pour son instrument dans l’Italie baroque des années 1720-30. Des partitions ont en effet disparu des radars, emportées dans des mallettes diplomatiques à la faveur des nombreux échanges entre les cours italiennes et germaniques. On est heureux qu’elles parviennent enfin jusqu’à nos oreilles, qui plus est dans de telles restitutions, pleines de vie, de couleurs et de sentiments. Inês d’Avena n’hésite pas non plus à questionner la paternité des œuvres : la cantate Qual per ignoto calle, attribuée à Vivaldi, pourrait bien être de la plume de Porsile.
À la tête de son ensemble La Cicala et avec la soprano canadienne Stefanie True, Inês d’Avena interprète des pages expressives et piquantes, caractéristique du baroque tardif à Naples. Récits volontiers champêtres d’amours parfois malheureuses, ces cantates aux allures de chansons populaires alternent airs et récitatifs. La flûte y dialogue avec la voix dans une riche émulation. Inês d’Avena est de ces interprètes qui redorent avec passion le blason de la flûte à bec (Alexis Kossenko en est un autre) et ses acolytes, de l'archiluth au clavecin, complètent ce tableau musical des plus réjouissant. © Elsa Siffert/Qobuz