Le fils du grand chanteur congolais Tabu Ley Rochereau (père d'une centaine d'autres rejetons) est définitivement devenu un grand nom du rap français. Youssoupha, comme Kery James, IAM ou NTM, est capable de mêler propos hardcore et rap plus nuancé. Exotisme sur le gâteau, Youssoupha ajoute de son propre chef soul et hip-hop africain à cet assemblage déjà solide.
NGRTD se situe dans la continuité de Noir D****, en revendiquant nettement la négritude comme culture à part entière. Une position qui ne trouble pas l'excellence musicale du disque. Si, effectivement, la négritude conduit à une telle musique, il faut la célébrer. Le groove est omniprésent chez Youssoupha, qui semble avoir capté les bons gènes chez son Casanova de père. NGRTD s'avance fièrement comme un disque de hip-hop de haut niveau.
Un disque réalisé sans trucages ni featurings, rendant la performance de Youssoupha encore plus grande. L'Afrique et l'Orient sont en fusion sur « Salaam », où le rap devient une solution à tous les maux. Youssoupha utilise la guitare acoustique pour « À cause de moi », une chanson qui donne furieusement envie de chanter et de taper du pied. « Négritude » est bien sûr le grand morceau de l'album, celui où Youssoupha explique le cheminement de sa pensée et l'origine de sa prise de conscience.
Album à part dans la production rap hexagonale, NGRTD impose le style de plus en plus personnel de Youssoupha. Un hip-hop qui choisit soigneusement ses mots sans pour autant être politiquement correct, un rap toujours plein de sève et funk pour relier entre eux tous les Africains quel que soit le continent où ils se trouvent.
© Francois Alvarez / Music-Story