La version intégrale 1744 de Dardanus de Rameau était restée inédite au disque jusqu’à la présente parution réalisée à Budapest (presque trois heures de musique). Étroitement lié avec le Centre de Musique Baroque de Versailles, György Vashegyi a présenté l’œuvre en donnant à entendre des pages inédites, notamment le poignant « Amour, cruel auteur du feu qui me dévore » qui ouvre l’Acte III, somptueuse lamentation chantée par le baryton Tassis Christoyannis.
Enregistré dans le vaste vaisseau de la Salle de concerts Béla Bartók de Budapest, cette production de concert souffre d’une acoustique qui brouille un peu l’écoute et gomme sans doute la précision d’un ensemble splendide, de solistes, du Purcell Choir particulièrement inspiré et de l’Orfeo Orchestra, un ensemble d’instruments anciens fondé en 1991 à Budapest par György Vashegyi à la suite de la première représentation complète de L’Orfeo de Monteverdi donnée en Hongrie.
Cette nouvelle version de Dardanus toute en contrastes dynamiques et expressifs présente donc en première mondiale l’intégralité de la musique, grâce à une nouvelle édition supervisée par le musicologue Denis Herlin qui révèle des dizaines de pages inconnues. Saluons les performances de la soprano Chantal Santon Jeffery incarnant une Vénus idéale, du ténor Cyrille Dubois en Dardanus ou encore du baryton Thomas Dolié en Isménor. © François Hudry/Qobuz
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Le nouvel enregistrement du Dardanus de Rameau par György Vashegyi démontre superbement le génie du compositeur dijonnais, mais aussi la maîtrise que Vashegyi – avec son Orfeo Orchestra et son Purcell Choir – a acquise dans la musique du baroque tardif français. Parallèlement à la préparation d’une nouvelle édition pour les Rameau Opera Omnia de la version de mai 1744 de Dardanus (sous l’égide du Centre de musique baroque de Versailles), Vashegyi dirige à partir d’une partition préparée par le compositeur (et son librettiste Leclerc de La Bruère) suite au rejet de l’œuvre par le public de l’Opéra de Paris en 1739, dans l’intention de renforcer l’action dramatique de la tragédie.
Cyrille Dubois dans le rôle-titre de la guerrière assoiffée d’Iphise (Judith van Wanroij), traumatisée par son « amour coupable » pour l’ennemi de son père Teucer (Thomas Dolié), qui attribue la main de mariage de la princesse à un allié princier, Anténor (Tassis Christoyannis), incarne ce nouveau sentiment d’intensité sur cette sortie de Glossa. Avec l’aide et la complicité de Vénus (Chantal Santon Jeffery) et d’un magicien (Dolié encore), l’Amour conquiert tout.
L’éblouissante palette de chants solos présentée ici est accompagnée, tour à tour, d’interjections chorales joyeuses et tristes, festives et démoniaques, le tout sur une partition orchestrale exubérante, fleurie et décorative (dont la célèbre Chaconne). © Glossa