On ne trouve pas dans cet album qu’une sélection des Cantiones Sacrae de Scheidt, un des sommets de l’art madrigalesque allemand de la première moitié du XVIIe siècle – l’égal d’Israelsbrünnlein de Schein ou de la Geistliche Chor-Music de Schütz, pour se limiter aux « trois Sch. » du premier baroque allemand, trois contemporains, collègues et amis. Les dix-sept madrigaux sont par deux fois entrecoupés par deux motets du compositeur berlinois Frank Schwemmer (né en 1961), sur les mêmes textes bibliques empruntés par Scheidt, mais dans un langage de notre temps, bien sûr. À l’auditeur d’établir le lien organique entre les deux époques. En guise de « pont », Schwemmer précède et suit chacun de ses motets d’un très court prélude et postlude donné au violoncelle solo, en dehors de toute temporalité musicale, comme pour changer l’éclairage d’un compositeur à l’autre. Une très étonnante expérience musicale, dont le somptueux ensemble Athesinus Consort Berlin – un double sextuor vocal, un effectif qui lui ouvre les portes des œuvres à double chœur –, mené par Klaus-Martin Bresgott, se saisit avec bonheur et conviction. © SM/Qobuz