On sait que le langage baroque est une sorte d’espéranto musical dont les codes se sont répandus sur tout le continent européen, chaque nation venant inspirer, pour ne pas dire contaminer, l’autre. Contrairement au sédentaire Johann Sebastian Bach qui ne voyageait qu’à travers les partitions de ses confrères, son ami le très prolixe Georg Philipp Telemann a voyagé dans toute l’Europe et a retenu dans ses œuvres le style qu’il avait découvert en Pologne.
Comme beaucoup de ses contemporains, Telemann semble avoir été fasciné par les danses populaires polonaises, très populaires dans toute l’Europe, connues sous des noms divers : chorea polonica, baletto polacco, polnischer Tanz ou encore saltus polonicus. Mais ces musiques venues de Pologne provenaient elles-mêmes d’ailleurs avant d’être transformées à leur tour. « Après avoir entendu en une semaine seulement la musique des tavernes, écrivait Telemann, on en reste imprégné pour la vie. »
Cet enthousiasme nous est communiqué aujourd’hui par la violoniste Aisslinn Nosky et son ensemble Holland Baroque à travers un bouquet d’œuvres rendant parfaitement compte du tourbillon musical entendu par Telemann à Cracovie et dans les environs. Polonié, Polonesie, Concertos-Polonois, Partie Polonois, Hanac viennent recréer la joie de la danse et les parfums âpres des pipes noyés dans l’alcool que l’on ne devait alors pas consommer avec modération. © François Hudry/Qobuz