Quand les autres petits garçons voulaient être pompier, footballeur ou gynécologue, Bertrand Burgalat décidait de devenir Michel Magne ou François de Roubaix... Hélas, les films d’aujourd’hui se passent bien de B.O. de caractère, même s’il en a signé quelques unes, pour son ex-égérie Valérie Lemercier ou pour My Little Princess cette année. Alors il démarre son album nouveau par une pièce instrumentale qui lui donne son nom. « Toutes Directions » a cette légèreté plastique qui suggère le plan de coupe sur Bernard Blier.
Ensuite, BB fait chanteur. En se forçant un peu, sans doute, même si à force, on devine qu’il y prend un certain plaisir, et que son organe limité, avec sa gauche distinction, fait quand même l’affaire. Pour façonner les histoires, il a convoqué un aréopage de donzelles, Elisabeth Barillé, Barbara Carlotti, Hélène Pince, Alfreda Benge et Marie Möör, qui lui tricotent des scénettes à sensibilité féminine infusées dans la cyprine. Pour contrebalancer, quelques lascars brodent un ou deux titres, dont Laurent Chalumeau qui ne s’est guère foulé en livrant un « Survet’ vert et mauve » sans doute piqué dans le vestiaire de Katerine.
En 14 chansons, arrangées, composées, produites par lui-même, et jouées également en autarcie (en dehors des batteries et guitares, il fait tout à la main), BB propose une traversée de son univers à la Tati, masquant le petit coté atone de son parlé-chanté par une luxuriance de sonorités choisies. Franchement funky sur le single à prétention clubesque « Bardot’s Dance » ou le déjà cité « Survêt’ mauve », plus extatique sur « Dubai My Love », simplement sensuel sur « Too Much », mais toujours soucieux de raffinement et d’absence d’esbroufe. C’est un festival de claviers vintage bien tempérés par une maîtrise sereine de la mélodie qui fait mouche. Et l’élégance est partout au menu d’un album hors du temps et par conséquent bien du sien. Loin de The Voice. Tout près de The Music.
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