Datant des « années de galère » de Verdi, Attila fait partie de ses ouvrages flattant le patriotisme italien auquel le compositeur adhérait avec passion. Drame à l’invention mélodique particulièrement inventive, il met aux prises avec justesse le barbare Attila, non dépourvu de grandeur et d’humanité, le général romain Ezio au caractère ambigu (« Tu auras l’univers ; que l’Italie me reste ») et la figure allégorique d’Odabella emblème des femmes italiennes combattantes.
Attila contient quelques pages majeures annonçant les grandes œuvres de la maturité, en particulier dans la scène et le grand air d’Attila et le grandiose finale du premier acte. Dans cet ouvrage et comme tant d’autres, Verdi fait passer ses idées politiques à travers un drame épique et national.
Enregistré lors d’un concert donné au Théâtre du Prince-Régent de Munich le 13 octobre 2019, cette production met en valeur la voix de métal noir de la basse italienne Ildebrando d’Archangelo, face à la puissante soprano ukrainienne Liudmyla Monastyrska dont le style tranchant et les capacités vocales impressionnantes transfigurent les mélodies verdiennes. Le ténor sicilien Stefano La Colla en Foresto et le baryton roumain George Petean viennent compléter une distribution hétéroclite mais qui fonctionne parfaitement. Une mention particulière pour le Chœur de la Radio bavaroise qui apporte une note luxueuse au drame verdien dirigé ici par le chef croate Ivan Repušić dont c’était le concert d’intronisation à ses nouvelles fonctions de directeur musical de l’Orchestre de la Radio de Munich. © François Hudry/Qobuz