Encore une merveille venue d'Angleterre, sur le label Voces8 Records, qui nous avait proposé il y a quelques mois l'un des plus beaux récitals de musique vocale/chorale parus dans les dernières années avec l’opus After Silence. Membre de la Fondation Voces8, et installé au sein du Gresham Centre où siège ladite fondation, en plein cœur de la City londonienne, Apollo5 est un jeune quintette vocal a cappella souvent salué pour son engagement scénique, et qui aborde des répertoires d’une grande diversité, allant d’arrangements de pages classiques à la musique pop, en passant par le jazz rétro et les chants de Noël. La diversité de la tradition chorale anglaise dans toute sa splendeur !
Quel quintette vocal ! Dans cet album qui explore à travers diverses musiques d’hier et d’aujourd’hui la question de la joie et/ou du désespoir pouvant guider l’amour humain, la beauté des voix comme des phrasés, alliés à la naturelle clarté polyphonique et la précision des harmonies qu’encourage ce type de formation, vous immergent dans un océan de pure harmonie !
Quelques exemples. La première des Trois Chansons de Charles d'Orléans de Debussy (Dieu! Qu’il a fait bon regarder), à la diction sans doute imparfaite, mais nul doute que l’on peut profiter avec justesse de tous les étagements harmoniques imaginés par Claude de France. Ou encore le traditionnel Edo Lullaby, arrangé par Paul Smith, et ses tenues planantes, d’où s’élaborent des vagues mélodiques à la nostalgie chavirante (idem avec le final The Last Rose of Summer… ). Apollo5 rend hommage aussi à Gerald Finzi, à travers l’un de ses Partsongs Op. 17, Haste on, My joys!, pièce majeure de l’album, bijou de deux minutes, sorte d’étonnant kaléidoscope de l’histoire de la musique, à la fois madrigal de la Renaissance, choral à la Bach aux harmonies quelque peu disruptives, véritable « partsong » dans la descendance de Stanford avec des influences de Vaughan Williams. Avec son effectif réduit, Apollo5 se délecte ici des frottements et du caractère multistylistique de l’écriture de Finzi. Un album de pur plaisir. © Pierre-Yves Lascar/Qobuz