Ah ça non, le compositeur suédois Dag Wirén n’est pas terriblement célèbre en dehors de la sphère scandinave ; voici donc une excellente entrée en matière, avec ses quatre quatuors – bien que numérotés de 2 à 5, ce sont là les seuls, puisque le « premier » a été retiré par le compositeur et ne peut donc être joué. Partant du principe que dans le format du quatuor, on ne peut rien cacher, Wirén ne nous cache rien, en particulier l’immense chemin parcouru du n°2 de 1935 au n° 5 de 1970. Le premier ouvrage témoigne encore de l’influence du romantisme tardif, tout en empruntant une écriture instrumentale très moderne. Dès le n° 3 de 1945, l’évolution se fait sentir : la tonalité est encore présente, mais teintée de modalisme à la Honegger ou Sibelius, mais toujours avec de grands moments de lyrisme quasiment romantique. Le n° 4 de 1953 joue avec les idées les plus modernes d’alors, mais recadrées dans un langage proche de la tonalité, peut-être Bartók ou Britten n’y sont-ils pas pour rien, et même Prokofiev dans le sauvage dernier mouvement. Enfin, le dernier de 1970 semble partir dans d’autres voies ; toujours le lyrisme exacerbé, mais dans un langage inexorable évocateur, par exemple, de Chostakovitch. Comme on le voit, Wirén a vécu avec son temps, même s’il semble avoir toujours eu à cœur de plaire à l’oreille autant qu’à l’esprit. C’est ici le Quatuor Wirén qui nous permet de découvrir ces bien belles œuvres. © SM/Qobuz