Si les instruments à cordes avaient largement suscité un nouveau répertoire de musique de chambre à la fin du XVIIIe siècle avec l’émergence de nouvelles formes comme le quatuor et ses dérivés, quintette, septuor ou octuor, il n’en était pas de même pour les instruments à vent, dont la facture instrumentale variait sans cesse, empêchant une véritable plénitude lorsqu’il fallait jouer ensemble. Ces contraintes techniques contre-productives ont provoqué du retard en termes d’œuvres nouvelles. Le quintette à vents (flûte, hautbois, clarinette, cor et basson) va peu à peu s’imposer dans les premières années du XIXe siècle, suscitant un engouement nouveau avant de vivre son âge d’or au XXe siècle.
Le jeune Beethoven s'était très tôt intéressé aux instruments à vent qu’il employa d’une manière tout à fait nouvelle et omniprésente dans ses œuvres pour orchestre. Son Quintette pour piano, clarinette, hautbois et basson Op. 16 de 1796 se souvient clairement du Quintette avec clarinette de Mozart composé douze ans plus tôt. Il en fera plus tard un arrangement pour piano et cordes, mais l’original a gardé toute sa valeur, en particulier grâce au traitement nouveau que Beethoven apporte à l’écriture pour les vents.
Les deux autres œuvres de cet album sont des arrangements, comme en témoigne ce Concerto pour piano de 1784 dont l’accompagnent perdu est reconstitué ici pour quintette à vents. Très friand de musique mécanique, le XVIIIe siècle a inventé des horloges permettant l’exécution musicale automatique par des systèmes ingénieux. Tout comme ses aînés, le jeune Beethoven a composé des pièces spécifiques présentées ici sous la forme d’arrangements pour le Ma'alot Quintet accompagné du pianiste Markus Becker pour les autres œuvres de ce programme original. © François Hudry/Qobuz