L’histoire de l’art, et singulièrement celle de la musique, est peuplée d’injustices et de « petits maîtres » dont le talent peine à être reconnu faute d’interprètes et de couverture médiatique. Voilà un album qui va plaire aux mélomanes curieux, lassés de ressasser les mêmes œuvres des mêmes compositeurs.
Tels Robert et Clara au XIXe siècle, voici Robert et Hélène au siècle suivant. Grand Prix de Rome en 1924, Robert Dussaut fut un pur produit du Conservatoire de Paris où il étudia avec des maîtres comme Widor, D’Indy et Henri Büsser. Devenu professeur à son tour, il a également été violoniste dans l’Orchestre de l’Opéra. Artiste doté d’un esprit d’analyse très aigü, Dussaut fut également un acousticien, auteur de plusieurs ouvrages techniques sur le phénomène musical. Il laisse un catalogue contenant des mélodies, cinq opéras, de la musique de chambre et symphonique. Hélène Covatti, son épouse, était née à Athènes avant de venir étudier à Paris où elle reçut les félicitations d’Arthur Honegger. Elle compose notamment deux cycles de mélodies qui seront créés peu avant la guerre à la Radiodiffusion française.
Cet enregistrement est le fruit de la sagacité du pianiste et chef d’orchestre Iñaki Encina Oyón, qui fut un temps élève de Thérèse Dussaut, la fille du couple oublié. Enthousiasmé par la qualité harmonique et musicale des mélodies des deux compositeurs, il a su persuader la jeune cantatrice guatémaltèque d’enregistrer la présente intégrale. Les ombres tutélaires de Massenet, Fauré ou Ravel se faufilent parfois dans ces pages raffinées et souvent mélancoliques. © François Hudry/Qobuz