La dernière livraison de l’intégrale Haydn de Giovanni Antonini avec l’ensemble Il Giardino Armonico comporte trois symphonies et la scène de Berenice chantée par Sandrine Piau. On connaît l’histoire de la Symphonie « Les Adieux », subtile demande du compositeur à son prince pour accorder des congés aux musiciens exténués de sa chapelle. Dans le Finale, un pathétique Adagio, chaque musicien souffle les bougies de son pupitre et part sur la pointe des pieds jusqu’au moment où la scène reste vide. Mais cette plaisante anecdote nous prive trop souvent de l’analyse d’une œuvre pleine d’originalité par sa tonalité rare (fa dièse mineur) et la structure de ses différents mouvements.
Si Joseph Haydn fixe le cadre classique de la symphonie, il en fait exploser simultanément le schéma par une architecture sans cesse renouvelée à travers un ensemble de tonalités passant sans arrêt du mode majeur au mode mineur. C’est le cas de la Symphonie n° 35 en si bémol majeur qui ouvre cet album, oscillant sans cesse entre le pur divertissement et le drame dans un esprit totalement propre au XVIIIe siècle.
Cette longue recherche de la forme fait prendre à Haydn des chemins parfois insolites, comme dans cette Symphonie n° 15 en ré majeur, qui semble synthétiser ses recherches de la fin des années 1750. Le Menuet y est par exemple placé en deuxième position, avant un Andante d’une grande simplicité et un Presto final en forme de rondo. Inspirée de l’Antigone de Metastasio et créée à Londres en 1765, la Scena di Berenice est la plus grande scène dramatique écrite par Haydn en dehors de ses opéras. Abandonnée par son amant, Bérénice y chante son désespoir et sa rage à travers une musique pleine de hardiesse. © François Hudry/Qobuz