Des parents iraniens, une naissance à Boston, une enfance à Hambourg et une vie désormais à Berlin, Malakoff Kowalski se joue des frontières. Mais aussi des étiquettes, est-on tenté de se dire à l’écoute de My First Piano, qui slalome entre jazz, musique classique et musique contemporaine. « Dans mes premiers souvenirs d'enfance, raconte le musicien, je me revois, roulé en boule, sous le tabouret de ma mère au piano jouant Bach, Brahms, Schubert et Scriabine. Il y a peu d'endroits synonymes de « maison » pour moi. Notre famille est disséminée un peu partout dans le monde et c'est le seul moyen que je connaisse. Mais d’avoir récupéré ce bon vieux piano avec ses touches blanches arrondies en ivoire et le tabouret non rembourré, tout comme autrefois, m’évoque un peu la maison. » Cette intimité, ce rapport si personnel à la musique, ces sensations lovées dans la nostalgie, bref toutes ces petites choses si importantes pour Kowalski suintent de chaque note de son superbe disque. On passe de séquence en séquence comme on feuillette un album photo. Ici l’ombre de Satie, là un Saint-Germain-des-Prés où Gainsbourg et Gréco se donneraient la main, là un croquis à la Gonzales et ainsi de suite. Un voyage intérieur de toute beauté. © Max Dembo/Qobuz