En début d’année 2015, Gradur avait écoulé pas loin de 80 000 copies de son premier album, L’Homme au Bob, se taillant déjà une place de choix dans un univers, celui du rap français, quelque peu saturé. Lancé à toute allure sur l’autoroute du succès, il sort à quelques mois d'intervalle un second opus, divisé en deux parties, loin de faire dans la dentelle.
D’abord parce qu’il propose pas moins de trente titres, et ensuite parce que le casting réuni par le Roubaisien est tout simplement royal. Black M, Booba, Soprano, Lacrim’, Jul, Niska ou encore Nekfeu, les poids lourds actuels de l’industrie, ont en effet répondu à l’invitation de leur collègue promis à un succès tout aussi insolent que son flow est assuré. Violente, parfois oppressante et s’appuyant sur des paroles volontiers ordurières, son style trap s’avère toujours plus paradoxal sur le premier CD : si les textes sont en tout point rudimentaires, la production s’avère impeccable, quoique souvent répétitive.
« Philly », avec la participation de Niska, est une véritable claque, tout comme « Passe à la caisse » ou « Tu crois que je mens ». Lorsque l’autotune s’invite à la fête, comme sur l’affligeant « Est-ce que ? », le soufflet retombe immanquablement, brisant le flow puissant de Gradur. Les participations de Lacrim' et Booba, respectivement sur « La Moula » et « Balti », sont presque anecdotiques. Suivant peut-être l’exemple de Maître Gims qui avait offert deux ambiances musicales distinctes sur son récent double album Mon Cœur Avait Raison, Gradur procède de même pour le second versant de ShegueyVara 2.
Celui-ci se révèle nettement plus inventif et surprenant, à l’instar des featurings réussis de Black M sur « Illégal », de l’incisif Nekfeu sur « Donne-moi ta main » ou de Soprano sur « La Mala ». Gradur se révèle même totalement à contre-emploi sur le calme « Maille », dont le titre trahit toutefois l’une des obsessions principales du rappeur, tout comme le flamenco de « Laisse-moi oublier » emprunte ostensiblement la voie tracée précédemment par un Maître Gims tenant la main de Kendji Girac. Inégal et trop conventionnel dans sa première partie, ShegueyVara 2 dévoile ensuite un nouveau visage, laissant à l’auditeur l’impression étrange de ne plus écouter le même album.
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