Sur les quelque 200 œuvres connues de Zelenka, seule une petite douzaine n’appartient pas au genre de la musique sacrée ; on ne s’étonnera donc pas du grand nombre de messes, d’oratorios, de requiems, de psaumes, de litanies, de Te Deum, de Magnificats. Il écrivit toutes ces splendeurs lors de son service à la cour de Dresde, où il passa le plus clair de sa vie, de 1710 à sa mort, trente-cinq ans plus tard. Tout porte à croire que les deux monarques successifs appréciaient fort son art, mais ils n’étaient pas les seuls : un certain Bach, Jean-Sébastien de ses prénoms, l’admirait suffisamment pour l’héberger chez lui à l’occasion, et pour copier (ou faire copier par un de ses fistons) quelques-unes de ses œuvres. Ce n’est que bien après sa disparition que sa musique fut enfin remise au goût du jour, en particulier grâce aux efforts de Smetana qui souhaitait mettre à l’honneur les musiciens d’origine tchèque, dont Zelenka. Et on y découvre toujours une écriture des plus hardies harmoniquement, bourrée de chromatismes inusités, dans un grand creuset de diverses influences nationales : nord-allemande bien sûr dans la rigueur contrapuntique, italienne dans le foisonnement mélodique, et – plus rare – déjà bohémienne et morave dans certains mélismes spécifiques que l’on ne retrouvera qu’à partir des compositeurs « nationaux » tchèques, Smetana en tête. On découvre ici sa Messe de saint Joseph, écrite en 1732 – œuvre de la grande maturité, donc – ainsi que deux psaumes des années 1725, d’une grande originalité. À la barre, l’exceptionnel Frieder Bernius et ses ensembles basés à Stuttgart, le Chœur de chambre et l’Orchestre baroque de la ville, qu’il a hissés à un niveau international. Enregistrement en première mondiale de la messe. © SM/Qobuz